jueves, 24 de febrero de 2011

Les racines jacobines de l’islamisme. Courrier International


Tous les mouvements radicaux, qu'ils soient laïques ou islamiques, ont prôné un Etat autoritaire. Mais les sociétés musulmanes ouvertes sur le monde ne sont plus prêtes à suivre ce modèle, analyse le quotidien turc Milliyet.
 Taha Akyol | Milliyet
Récemment, j'ai eu l'occasion de relire le livre de Sayyid Qutb, l'idéologue des frères musulmans égyptiens [pendu en 1966] intitulé "Jalons sur la route". Des points particuliers que je n'avais pas remarqués il y a trente ans ont cette fois-ci attiré mon attention. En effet, comment ne pas voir le radicalisme jacobin qui se dégage de l'oeuvre de Qutb ?! Il est ainsi tout à fait frappant de constater la ressemblance entre des projets politiques radicaux, qu'ils soient de nature laïque ou islamique.
Que ce soit au nom de la raison ou de la religion, les défenseurs de ces projets se sentent "investis d'une mission d'avant-garde". Ils sont convaincus d'être les seuls à savoir ce qui est juste et se lancent dans une lutte sans merci, qui est pour eux la "seule vraie révolution", contre les institutions et la société (les "bourgeois", les "réactionnaires", les "ignorants" ou les "superstitieux") qui vivaient évidemment dans "l'obscurité".
Le but, selon Qutb, était ainsi de "changer la société depuis sa racine". Il s'agissait donc de la vision d'une construction sociologique dont le moteur serait actionné par la puissance d'un Etat autoritaire. C'est une caractéristique commune à tous les mouvements radicaux depuis la révolution française jusqu'à la fin du vingtième siècle. Cette approche a évidemment eu des fonctions importantes durant toute cette période.
Sauf qu'aujourd'hui, les sociétés ne sont plus aussi passives. Par l'éducation, l'urbanisation, la communication, les revenus qui ne sont plus seulement assurés par l'agriculture ou par l'Etat mais par l'économie de marché, par la découverte d'un monde extérieur, ces sociétés ont gagné en maturité. Le paternalisme d'Etat est remis en question et les demandes en faveur de plus de liberté et de démocratie se renforcent.
C'est ainsi que s'estompe la vision d'un Etat autoritaire au profit d'une conception où la puissance publique est limitée par l'extension des libertés. La décentralisation tend alors à s'intensifier sur le plan politique, qu'il s'agisse des partis politiques eux-mêmes, de la société civile ou encore des administrations locales. Même la "vérité unique" est frappée par cette vague de décentralisation. On admet désormais qu'il y a plusieurs vérités.
L'"esprit du temps" n'est plus focalisé sur l'Etat mais bien sur l'individu et la société.
Le président Gül, en mai 2003, lors d'une réunion de l'Organisation de la conférence islamique à Téhéran, avait mis en garde les chefs d'Etat des pays musulmans et avait appelé à des réformes en insistant sur les concepts de "démocratie, de prospérité, de paix et de liberté". "Nous devons développer une nouvelle vision animée par une pensée rationnelle favorisant les droits et les libertés fondamentaux ainsi que l'égalité entre les sexes".

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